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COMÉDIE.

Le Comte.

Non sans doute ; mais l’humanité souffre. J’ai appris à supporter toutes les disgraces de la vie, non les taches de l’honneur.

Paméla.

On confondra la calomnie : la vérité sera connue.

Le Comte.

Eh ! qui peut vivre cependant sous le poids honteux du soupçon ?

Paméla.

Il faut se résigner aux volontés du Ciel.

Le Comte.

Le Ciel veut que nous nous montrions jaloux de notre honneur et c’est mériter l’affront que de le supporter.

Paméla.

Que faire, hélas ! dans notre position ?

Le Comte.

Tenter tous les moyens possibles, pour rétablir ta réputation compromise, pour dévoiler l’erreur et demander justice.

Paméla.

Hélas ! et qui appuiera nos plaintes ? Mon époux est notre adversaire : mylord Artur est injustement soupçonné… Qui peut parler pour nous, plaider notre cause et nous faire obtenir justice ?

Le Comte.

Moi, ma fille, moi ! J’irai me jeter aux pieds du Roi ; et mes larmes, mes prières…

Paméla.

Vous pourriez vous présenter au Monarque, vous qui êtes encore flétri du titre de coupable ! vous pourriez vous exposer à perdre pour jamais la grâce dont vous pouvez encore vous flatter ?