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COMÉDIE.

il faut aujourd’hui le déchirer à jamais ! Cet inflexible honneur qui raisonnait si bien contre ma passion, me met aujourd’hui l’épée à la main, pour venger l’affront que j’en ai reçu. Mais quoi ! me pourrai-je déterminer à un parti sévère contre celle que j’ai tant aimée, que j’aime encore malgré moi ! Eh bien ! que ces douces affections désarment mon ressentiment, et diminuent la honte dont je la voulais couvrir. Oui : épargnons-lui l’éclat d’un divorce, et que son père connaisse mes intentions. Je n’en ferai pas moins tous mes efforts, pour rendre à ce bon vieillard sa liberté ; et si Pamela se détermine à ne point s’éloigner de son père, je suis prêt à sacrifier encore la paix, l’amour, l’espoir d’une famille, à l’astre fatal qui a si cruellement uni mon sort au sien. (Il appelle.) Hola !

Isac.

Monsieur.

Bonfil.

Le comte d’Auspingh.

Isac.

Oui, Monsieur. (Il sort.)


Scène II.

Mylord BONFIL, ensuite Myladi DAURE.
Bonfil.

Je prévois trop quel coup douloureux je vais porter au cœur de ce respectable père, en lui apprenant le destin malheureux de sa fille. Voilà pourquoi l’humanité exige que je cherche à lui en diminuer l’horreur : ce qui l’affligerait le plus, sans doute ce serait la publicité… Je m’occuperai des moyens d’obvier à cet inconvénient.