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COMÉDIE.

dernier point. Si je me pouvais flatter que mon innocence sera reconnue, je me jetterais à vos pieds, pour réclamer votre pitié. Mais, convaincue que votre cœur nourrit toujours le soupçon de ma faute prétendue, je ne sais s’il vaut mieux pour moi de me taire ou de me justifier.

Ernold (à part.)

C’est cependant vrai : une belle femme paraît plus belle encore dans la douleur.

Myladi.

Paméla, quand on veut obtenir ma grâce, il faut d’abord la mériter par un aveu formel de la vérité. Faites l’aveu de votre passion pour mylord Artur, et soyez sure, à ce prix, de ma protection.

Paméla.

Ah ! jamais ; non, jamais je n’achèterai la fortune à ce vil prix. Je n’aime que mon époux, je n’ai jamais aimé que lui, je l’aimerai toujours, je l’aimerai, voulût-il être mon éternel ennemi. Il sera mon époux, quoiqu’il me chasse indignement d’auprès de lui : je serai sa femme, quoiqu’il m’abandonne ; et en mourant même, j’emporterai dans le tombeau la douce chaîne qui m’a pour jamais unie à lui.

Myladi.

Votre obstination aggrave votre faute.

Paméla.

Et votre défiance outrage mon honneur.

Myladi.

Êtes-vous venue pour disputer avec moi, ou pour implorer mes bontés ?

Paméla.

Je les réclame si vous me croyez innocente ; et je me défends, si vous persistez à me supposer coupable.