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COMÉDIE.

Scène IV.

Milord ARTUR, le Chevalier ERNOLD.
Ernold.


Ma foi, je n’ai trouvé nulle part de femme comme celle-là : c’est un caractère tout particulier… Oh ! si nous avions ici un certain poëte Italien que j’ai connu beaucoup à Venise, je suis sûr qu’il mettrait ce personnage-là sur la scène.

Artur.

Monsieur, si nous avions en effet ici le poëte dont vous parlez, il est possible qu’il se servît de votre caractère, de préférence encore à celui de Paméla.

Ernold.

Ah ! mon cher ami, je vous pardonne bien volontiers de prendre un peu sa défense. Pardon ! je suis venu troubler une conversation intéressante ! Je me suis trouvé, à Lisbonne, dans un cas tout-à-fait semblable. J’étais tête-à-tête avec une jeune mariée : dans l’instant même où un triomphe heureux assurait ma conquête, arrive tout-à-coup un maudit Portugais… Je l’aurais, je crois, assommé dans la fureur où j’étais.

Artur.

Votre discours offense une femme irréprochable, et un homme d’honneur.

Ernold.

Allons donc, Mylord, vous me faites rire. Je ne crois point du tout vous offenser en supposant quelqu’inclination entre vous et Paméla. Moi qui ai voyagé, j’ai vu des milliers de ces amours sympathiques.