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Comédie.

Moliere.

Bien volontiers. Allez trouver la Béjart de ma part, et faites-vous donner le vin que vous aimerez le mieux.

Léandre.

Ah ! ah ! j’entends : c’est la Béjart qui a la garde de tout cela chez vous ?

Moliere.

C’est une excellente actrice, qui mérite bien quelque éloge. Voilà des années que nous vivons dans une parfaite intelligence : elle veille à mes intérêts domestiques, et s’en acquitte avec un zèle…

Léandre.

À propos de cela, on me racontait un jour, que c’est à cause d’elle que vous aviez embrassé la profession de comédien.

Moliere.

Allons donc ! ce sont des contes.

Léandre.

Taisez-vous, taisez-vous, fripon ! vous aimez les femmes.

Moliere.

Autant que vous aimez le vin.

Léandre.

Oui ; mais observez que le vin ne me fera jamais le mal que les femmes ont fait plus d’une fois aux hommes.

Moliere.

J’aperçois la fille de la Béjart qui s’approche.

Léandre.

Eh bien ! mon ami, l’occasion ne vous conseille rien ? c’est toujours la même famille.

Moliere.

Allons, allons, point de ces propos-là, s’il vous plaît.