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Comédie.

Léandre.

Vous allez voir que j’aurai scandalisé un poëte comique ? Dites tout ce que vous voudrez : le monde est persuadé que vous jouez la comédie chez vous comme sur le théâtre.

Moliere.

Pur bavardage ; jugement inepte, s’il en fut jamais.

Léandre.

Remarquez si j’en ai, moi, du jugement. Je crains de vous gêner, et je vous quitte. Adieu.

Moliere.

Où allez-vous

Léandre.

Boire un coup, et causer avec la mère, tandis que vous causerez avec la fille. (Il sort.)


Scène II.

MOLIERE, ensuite ISABELLE.
Moliere.


L’excellent caractère que celui de ce Léandre ! qu’il serait heureux, si la passion du vin ne le dégradait pas quelquefois ! et combien je l’aimerais davantage, s’il était moins sujet… Mais je vois tout ce que j’aime ! le doux objet de mes affections. Elle seule peut dissiper la nuit de mes chagrins ; je la regarde, et cette chère vue me console de toutes mes peines.

Isabelle.

Puis-je entrer ?

Moliere.

Entrez, entrez.