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Comédie.

La Béjart.

Mais à quoi bon, je vous prie, répéter une pièce défendue, et qui ne se jouera point ?

Moliere.

Attendez, attendez seulement le retour de notre camarade Valere, et vous verrez si elle ne se jouera point ! Cet intéressant jeune homme, ce comédien parfait est allé, de ma part, se jeter aux pieds du monarque, pour obtenir cette grâce.

La Béjart (à Isabelle.)

Et vous, mademoiselle, à qui avez-vous demandé la permission de venir prendre ici des leçons de Moliere pour vos rôles ?

Moliere.

Allons, allons, Isabelle est trop honnête…

Isabelle.

Il n’a vu encore que celui-là, Madame.

La Béjart.

Sortez d’ici, mademoiselle.

Isabelle (à part.)

Oui, oui ; grondez tant que vous voudrez. (Elle reprend son rôle et lit.)

Ah ! je sais de mes maux l’infaillible remède.
La Béjart.

Comment ? que dites-vous, s’il vous plaît ?

Isabelle.

Je lis mon rôle, Madame.

Moliere (à part.)

Que cet air doux et simple cache déjà d’artifice !

La Béjart.

Vous repasserez vos rôles avec moi.

Isabelle.

Il vous est impossible de m’enseigner ce que Moliere m’apprend. (Elle sort.)