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Comédie.

La Forêt (à part.)

Ce dernier article m’arrange fort bien.

Pirlon.

Eh bien ! que décidez-vous ?

La Forêt.

Moi, Monsieur ! je suis toute décidée, et j’irai avec vous si vous voulez. Aussi bien je suis lasse de servir deux ennuyeuses bégueules qui commencent à criailler dès qu’elles ont les yeux ouverts, et un maître qui s’emporte pour rien, et fait trembler tout son monde quand la cervelle lui chante.

Pirlon.

Voilà donc notre homme de bien, notre précepteur prétendu du genre humain, qui ne sait pas mettre lui-même un frein à sa colère ! Ah ! çà dites-moi, mon enfant ; parlez-moi franchement : Moliere, comment vit-il avec ces deux femmes ?

La Forêt.

Ma foi, il leur fait la cour à toutes les deux.

Pirlon.

Oh ! malheureux réprouvé ! et avec vous, ma fille, n’a-t-il pas eu l’audace de prendre quelquefois des libertés ?

La Forêt.

Il m’a fait quelques petites agaceries.

Pirlon.

Fuyez, fuyez au plutôt ! venez recouvrer votre honneur chez moi. Ne pourrais-je, pour le bien de leurs ames, dire deux mots à ces malheureuses femmes qui se perdent ici !

La Forêt.

La mère se flatte, pour le moment, devant son complaisant miroir.

Pirlon.

Malheureuse ! je parlerai à la fille.