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Comédie.

La Forêt.

Je vais vous l’envoyer. Demain je suis à vous.

Pirlon.

Oui ; et si le Ciel daigne le permettre, nous vivrons en paix, croyez-moi,

La Forêt (à part.)

Servir un homme seul, riche et déjà vieux ! c’est le moyen, ce me semble, de faire ma fortune en peu de temps. (Elle sort.)


Scène II.

PIRLON, ensuite ISABELLE.
Pirlon.

AH ! ah ! Moliere se donne les airs de nous jouer, de nous traiter avec cette cruauté, et nous resterions lâchement les bras croisés ! non, non, sa langue maudite nous ôte à la fois le pain et l’honneur, et la nature elle-même nous fait un devoir de nous venger. Notre revenu n’est-il pas fondé sur notre hypocrisie, comme le sien sur le produit de ses ouvrages ? — Mais je semerai la discorde entre lui et ces femmes, je ferai tout pour les détacher de son parti ; et pour peu que le sort propice seconde mon projet, j’espère bien que sa pièce infâme ne se jouera point aujourd’hui.

Isabelle.

Qui me demande ?

Pirlon.

Le Ciel soit avec vous, ma belle enfant. Pardonnez, je vous en conjure, à l’importunité d’un zèle qui m’amène auprès de vous pour votre bien ; et puisse ce Ciel que j’implore, accorder à mes vœux le bonheur de vous éclairer !