Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
269
Comédie.

Isabelle.

Il m’a promis de m’épouser.

Pirlon.

Et la maman y consent-elle ?

Isabelle.

Ma mère n’en sait rien.

Pirlon.

Et croyez-vous qu’une pareille affection convienne à une jeune fille ? Une demoiselle honnête ne s’engage avec personne, sans le consentement de son père ou de sa mère. Pourquoi lui faire un mystère de cela ?

Isabelle.

C’est que… c’est que j’ai mes raisons.

Pirlon.

Ne craignez rien, mon enfant ! vous connaissez mon zèle.

Isabelle.

C’est que ma mère encore… que dire, ô Ciel !

Pirlon.

Allons, parlez, parlez.

Isabelle.

C’est qu’elle aime Moliere aussi.

Pirlon.

Grand dieu ! Je suis anéanti. Perfide Moliere ! homme sans mœurs ! Et le Ciel ne te punit pas, ne te foudroye pas à l’instant ! Fuyez ma fille, fuyez un tel homme, avant que son immoralité vous fasse un plus grand tort.

Isabelle.

Mais comment m’éloigner de Moliere ? Ma faiblesse a besoin d’appui.

Pirlon.

Un époux, une bonne dot, je me charge de vous trouver tout cela. Je vous confierai, en attendant,