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Comédie.

Valere.

Quelle est donc cette nouvelle idée ?

Moliere.

Je voudrais avoir le manteau et le chapeau de Pirlon. Je me ferais des moustaches comme lui, une chevelure semblable à la sienne, et la caricature serait d’un naturel, d’une vérité !

Valere.

Mais le moyen de lui ôter son manteau de dessus les épaules ? Et puis comment espérer qu’il laisse son chapeau ?

Moliere.

C’est une idée bizarre qui m’a passé par la tête, et je réponds de tout pourvu que la Forêt me seconde adroitement. Je la flatterai, je lui ferai la leçon, et je me charge de faire moi-même revenir ici ce traître de Pirlon. Le monstre ! voilà donc le secret de mes feux dévoilé par ses soins ! Et sans vous mon prudent ami, sans vos bons offices, ma gloire, notre recette, tout était perdu. Patience ! le cher Pirlon va être immolé en personne aux huées, aux sifflets du parterre, et je veux me venger en poëte comique.

(Il sort.)

Scène II.

VALERE, ensuite LESBIN.
Valere.


Ainsi, le cœur du pauvre Moliere brûle des feux de l’amour, et il n’en cultive pas moins son génie dans la société des femmes de théâtre ! faible bouclier que la philosophie contre les traits de l’amour ! ah ! les hommes les plus éclairés ne portent pas un cœur