Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
369
Comédie.

Valere (à part.)

Il n’en a pas perdu un mot !

Moliere.

Conclusion : l’un a dormi pendant toute la pièce ; l’autre s’est promené, et cependant vous connaissez…

Le Comte.

Il me suffit d’entendre le commencement.

Léandre.

Et moi, la fin.

Le Comte.

Un coup d’œil jeté en passant ; voilà tout ce qu’il m’en faut pour juger d’une chose.

Léandre.

Le public vous applaudit, et je me réjouis de votre triomphe.

Le Comte.

Vos bons mots, vos plaisanteries courent les rues de bouche en bouche.

Léandre.

Il y a un tailleur qui a pris note de toutes les pensées morales de la pièce.

Valere (à part.)

Et c’est sur de pareilles autorités que ces Messieurs fondent leur jugement !

Moliere (à part.)

Voilà pourtant les juges que j’ai la sottise de redouter !

Léandre.

Moliere, mon ami ; après vous avoir admiré sur la scène, nous voulons vous faire honneur à table.

Moliere.

Mais pour trouver chez moi, le même plaisir qu’à la comédie, l’un de vous dormira, sans doute et l’autre se promenera pendant le souper ?