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Comédie.

et paralyse les sens. De là, cette métamorphose apparente dans les objets extérieurs, suite naturelle des ténèbres où s’égare la raison, étouffée par les fumées du vin… Que dis-je, hélas ! l’amour n’opère-t-il pas la même révolution en nous ? n’est-il pas pour les malheureux humain une source éternelle de larmes ou de fureurs ? Rien de plus charmant que l’amour, réglé par la raison ; comme rien de plus salutaire que le vin, quand on en fait un usage modéré.


Scène II.

Le Même, ISABELLE (en négligé.)
Moliere.


C’est vous, ma chère Isabelle ?

Isabelle.

Je me jette à vos pieds ! voyez où me réduit le désespoir.

Moliere.

Levez-vous, ma chère, levez-vous. Ô ciel ! qu’est-il donc arrivé ?

Isabelle.

Ma mère…

Moliere.

Mère cruelle ! je serai vengé.

Isabelle.

L’excès de ma douleur…

Moliere.

Attendez, attendez. (Il va fermer la porte.) Tu n’entreras pas ici, du moins. Poursuivez, ma chère Isabelle.