Quoi ! seule dans cette chambre ? j’y mourrai de peur.
MOLIER E. La nuit s’avance. La Forêt, d’ailleurs, y sera avec vous. Ô mon Isabelle ! soyez aussi prudente que vous êtes honnête. Voici la lumière, j’ouvre : suivez-moi.
C’est bien malgré moi que j’irai.
Ah ! traître ! que vois-je ?
Scène III.
Je tombe à vos genoux : ainsi le veut le sort qui
m’humilie. Accablez-moi de vos mépris, donnez-moi
la mort. Ce n’est point une lâche terreur, c’est le
repentir, c’est le remords, c’est la honte qui me
jettent à vos pieds. Dans cette retraite obscure, le
Ciel a daigné m’envoyer un rayon de lumière : mon
danger m’a ouvert les yeux sur ma conduite ; et tout
un peuple, justement irrité contre Pirlon, me prouve
combien je suis indigne de la confiance d’autrui. J’ai
redouté la mordante énergie de vos vers, et j’ai fait
mon possible pour dérober au monde le portrait
d’un monstre, qui, dans le fond, ne me ressemble
que trop. Confus de mes erreurs, je déteste l’usure
honteuse que j’ai exercée ; je renonce au rôle coupable
d’hypocrite. Je me fais connaître aujourd’hui à vous
et à la société pour ce que je suis en effet, et je
vous demande pardon, ô Moliere ! des vils ressorts
que j’ai fait jouer pour vous perdre.