Scène PREMIÈRE
Ce que c’est pourtant qu’un peu de règle et de
conduite ! Il n’y a qu’un an que mon fils est mort,
et je me trouve déjà en avance de deux mille écus !
Le Ciel sait combien j’ai été sensible à la mort de
l’unique fils que j’eusse au monde : mais s’il eût
vécu encore un pareil nombre d’années, c’en était
fait ; mes revenus n’y suffisaient pas, et il eût fallu
attaquer les capitaux. L’amour paternel a ses droits,
sans doute ; mais l’argent ! l’argent est une si belle
chose ! Je dépense plus encore que je ne devrais,
parce que j’ai ma belle-fille chez moi. — Je voudrais
bien m’en débarrasser : mais la seule pensée de la
dot qu’il lui faudrait restituer, suffit pour me mettre
en fureur. Je me trouve entre l’enclume et le marteau.
Qu’elle demeure avec moi, elle me ronge jusqu’aux
os : qu’elle s’en aille, elle arrache et emporte mon
cœur. Si je pouvais imaginer… Bon, voici un autre
fléau qui me poursuit malgré moi jusqu’ici ; un
autre présent de mon cher fils. Il me semble pourtant
qu’il serait bien temps qu’il s’en allât.