Elle ignore mes sentimens pour elle, et elle peut les dédaigner en les apprenant. J’ai, auprès d’elle, deux terribles rivaux ! mon père ne consentira jamais à mon mariage pour le moment : je n’ai point de meilleur parti à prendre que de m’en aller. Oui, je partirai : mais je veux m’épargner le reproche de m’être trahi moi-même par un excès de délicatesse mal entendue. Qu’elle sache que je l’aime ; et si mon amour est rebuté… La voici fort à propos. Je voudrais lui dire… Et je n’ai pas le courage de le faire. Je prendrai mon temps, je préparerai mes paroles… Quelle lâcheté ! je rougis de moi-même.
Scène IV.
Trainerai-je encore long-temps une pareille
existence ? La conduite de don Ambroise est elle
supportable ? Ses procédés ont déjà fait périr de chagrin
mon pauvre époux, et aujourd’hui ce maudit vieillard
voudrait me voir mourir à petit feu, par la fureur
qu’il excite en moi, par le désespoir où il me réduit.
Oui, je veux me remarier. Mais le seul désir ne suffit
pas, il faut que l’occasion se présente ; et si je n’ai
pas la certitude d’améliorer ma position, je ne veux
pas courir le danger d’aggraver mes maux.
Madame, monsieur le comte de l’Isle désirerait avoir l’honneur de vous voir.
Il en est bien le maître. (Jasmin sort.) Ce ne