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Comédie.

Donna Eugénie.

Monsieur a-t-il quelque chose à me demander ?

Le Comte.

Rien, si ce n’est le pardon de ma témérité.

Donna Eugénie.

Tenez, pauvre Comte. (Elle lui présente sa main.)

Le Comte.

Non, Madame, non, ce n’est point là ce que j’implore de votre bonté ; la main que vous daignez m’offrir porte l’empreinte encore des lèvres du Chevalier. Je suis délicat sur cet article.

Donna Eugénie.

Votre délicatesse ne saurait me déplaire. D’autres la pourraient appeler un défaut, mais les défauts que produit l’amour ne sont point incompatibles avec la sincérité du cœur. (Elle sort.)


Scène VIII.

LE COMTE, ensuite DON AMBROISE.
Le Comte.


Qu’est-ce que toutes ces petites faveurs accordées par l’usage, aux yeux de celui qui aspire au bonheur d’être époux ? Qu’elle se familiarise en attendant avec ma façon de penser, et que s’accommodant à mon système… Voici don Ambroise. Il serait possible que le Chevalier ne l’eût point encore vu ; et si mon bonheur m’offre le premier à lui, c’est pour moi un motif de plus d’espérer.

Don Ambroise.

Oh ! monsieur le Comte ! vous m’attendez peut-être ?