Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/456

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
453
Comédie.

Don Ambroise.

La dot ? Comment ! vous voulez et l’épouse et la dot ?

Le Comte.

Eugénie, en se mariant avec votre fils, n’a-t-elle pas apporté chez vous une dot considérable ?

Don Ambroise.

Le peu qu’elle a apporté a disparu depuis longtemps, et nous sommes ruinés de compagnie.

Le Comte.

Seize mille écus dépensés, en deux ans !

Don Ambroise.

On en a, ma foi, bien dépensé davantage. Jetez un coup d’œil sur l’état des dépenses que l’on a faites.

Le Comte.

Je n’ai pas besoin d’examiner ce que vous avez dépensé pour elle. Mais je sais parfaitement que l’on doit la restitution de sa dot à une veuve restée sans enfans mâles.

Don Ambroise.

Est-ce le projet de m’assassiner qui vous amène ?

Le Comte.

Non ; c’est mon amour pour Eugénie.

Don Ambroise.

Si vous aimiez la femme, vous seriez moins avide de la dot.

Le Comte.

Ce n’est pas pour moi, c’est pour elle que je la réclame ; et, dans l’espoir de devenir son époux, je ne puis ni ne dois trahir ses intérêts.

Don Ambroise.

Dispensez-vous de l’emploi, de procureur d’Eugénie auprès de moi ; je sais ce qu’elle peut prétendre et ce que l’on a droit d’exiger de moi. Il y a, et il n’y a pas de dot ; je veux, et je ne veux pas la donner. Ma