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Comédie.

Le Chevalier.

Hâtez-vous d’exécuter votre projet. Affranchissez-vous de la tyrannie de votre belle-fille, et amenez-nous ici une jeune et jolie femme, qui vous rende le fils que vous pleurez, et qui fasse le bonheur de vos vieux jours.

Don Ambroise.

Laissez-moi seulement me débarrasser de ma belle-fille, et vous verrez.

Le Chevalier.

Que ne la remariez-vous ?

Don Ambroise.

S’il se présentait une occasion favorable.

Le Chevalier.

Qui croiriez-vous, par exemple qui lui pourrait convenir ?

Don Ambroise.

Je la connais mieux que personne, la pauvre Donna ! elle a la plus belle âme du monde. Il lui faudrait un homme fortement épris d’elle, et qui lui voulût sincèrement du bien. Aujourd’hui, il n’y a plus que deux sortes de partis, des libertins, ou des intéressés ; et les uns, comme les autres, s’informent d’abord de la dot. Quel affront pour une jeune femme qui a du mérite, de se voir rechercher pour sa dot !

Le Chevalier.

C’est ce que je vous disais il n’y a qu’un moment. Si je me marie, je ne veux pas entendre parler de dot.

Don Ambroise.

Vous êtes un Chevalier, dans la force du terme ; mais un Chevalier qui connaît les lois de la Chevalerie. Dites-moi un peu, vous doutez-vous du mérite de ma belle-fille ?

Le Chevalier.

Si je le connais ! Mon cœur le sait, si je le connais.