Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome II, 1801.djvu/482

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
479
Comédie.

injure. Je tiens un certain rang dans mon pays, je suis fils unique, et mon père est dans l’intention de me marier.

Don Ambroise.

Votre but serait donc de l’épouser ?

Don Fernand.

Je serais trop heureux ! mais je ne le mérite pas.

Don Ambroise.

Dites-moi un peu : allons au but. Est-ce d’elle ou de sa dot que vous êtes amoureux ?

Don Fernand.

De sa dot ! que me parlez-vous de dot ? Je sacrifierais, pour obtenir Eugénie, tous les trésors du monde.

Don Ambroise.

Sait-elle le bien que vous lui voulez ?

Don Fernand.

Je n’ai pas eu la force de parler.

Don Ambroise.

Mon cher don Fernand ! je vous aime comme si vous étiez mon fils. Je suis fâché de vous voir dans le chagrin. Mais suivez-moi, nous allons la raisonner.

Don Fernand.

Vous me rendez la vie, la joie, au point…

Don Ambroise.

Expliquons-nous en quatre mots. La voulez-vous épouser ?

Don Fernand.

Plût au Ciel ! je serais le plus heureux des hommes.

Don Ambroise.

Mais que dira votre père ?

Don Fernand.

Il m’aime tendrement. Je suis sûr qu’il ne me refusera pas cette satisfaction.