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COMÉDIE.

Scène XII.

Mylord BONFIL, ensuite Mme JEFFRE.
Bonfil.


Malheureux le cœur accessible au poison de la jalousie ! je n’ai point sujet d’être jaloux : mais si je l’étais jamais, je ne serais, je le sens, je ne serais plus un homme… Je n’empêcherai jamais Pamela de recevoir du monde ; mais je ne veux plus souffrir de ces tête-à-tête. Elle s’est cependant trouvée ici avec mylord Artur… C’est un hasard, dont on ne peut rien conclure : ils n’ont eu ni l’un ni l’autre de mauvaises intentions. Voilà Jeffre : sachons d’elle comment tout cela s’est passé ; mais sans lui donner lieu de rien soupçonner : déguisons sur-tout ma faiblesse.

Mme Jeffre.

Qu’ordonne Monsieur ?

Bonfil.

Où est votre maîtresse ?

Mme Jeffre.

Dans sa chambre.

Bonfil.

Elle est seule ?

Mme Jeffre.

Seule. Avec qui voulez-vous qu’elle soit ?

Bonfil.

Mais c’est un concours de visites…

Mme Jeffre.

Oui, qu’elle reçoit par force. Son indifférence est égale pour tout le monde, et elle s’en débarrasse le plutôt possible.