Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/165

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qu’il n’y a pas d’homme assez épris de sa liberté pour ne pas chercher, dans toute société, à subordonner la volonté de quelques individus à la sienne.

« De retour en Angleterre, mon projet, monsieur, était d’aller avant tout vous offrir mes respects ; puis de n’enrôler comme volontaire pour la première expédition qui mettrait à la voile. Mais, en route, ce projet fut dérangé par la rencontre d’une vieille connaissance que je trouvai engagée dans une troupe de comédiens, allant faire, en province, sa campagne d’été. La troupe ne montra pas trop de répugnance à m’engager. On me fit toutefois force représentations ; on me dit que j’allais me charger d’une tâche bien importante, que le public était un monstre à mille têtes, et qu’une bonne tête seulement pouvait lui plaire ; que le métier d’acteur ne s’apprenait pas en un jour ; que, sans quelques mouvements d’épaules traditionnels qui se perpétuaient au théâtre, et au théâtre seulement, depuis une centaine d’années, je ne réussirais jamais à plaire. Autre difficulté… Où me trouver des rôles, quand tous étaient pris ? Je fus quelque temps promené d’un rôle à un autre, jusqu’à ce qu’enfin on m’assigna celui d’Horatio que fort heureusement la présence de la compagnie qui m’écoute m’a empêché de jouer. »