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CHAPITRE XXIX.

Équité de la Providence dans la répartition du bonheur et de la misère. Compensation, dans l’autre vie, des souffrances de ce monde.

« Mes amis, mes enfants, mes compagnons d’infortune, plus je réfléchis sur la répartition du bien et du mal ici-bas, plus je trouve que, si la somme de plaisir dévolue à l’homme est grande, celle de la souffrance l’est plus encore. Cherchons dans le monde entier ; pas un homme si heureux qu’il ne lui reste rien à désirer ; et, chaque jour, des milliers d’hommes nous prouvent, par le suicide, qu’il n’y avait plus pour eux d’espérance. Il est donc évident que, si, dans cette vie, il ne peut y avoir pour nous de bonheur complet, nous pouvons être complétement malheureux.

« Pourquoi l’homme est-il ainsi sujet à la douleur ? Pourquoi notre misère est-elle un élément indispensable de la félicité universelle ? Dans les autres systèmes, la perfection du tout résulte de celle de leurs propres parties. Pourquoi faut-il au grand système, pour qu’il soit parfait, des parties, non-seulement appartenant à d’autres systèmes, mais encore imparfaites en elles-mêmes ?… Questions qu’il est impossible de résoudre, et dont la solution serait d’ailleurs inutile. Il y a là un