quelque distance, qui ?…. notre vieil ami, M. Burchell, cheminant avec sa vitesse habituelle, et armé de ce grand bâton, objet ordinaire de vos plaisanteries. Dès que nous sommes à portée, je l’appelle par son nom, j’implore son secours ; mes cris répétés frappent son oreille ; d’une voix forte il ordonne au postillon d’arrêter ; le postillon ne fait nulle attention à cet ordre, et n’en va que plus vite. Je commençais à croire que M. Burchell ne pourrait jamais nous rattraper ; mais, en quelques secondes, je le vois courant à côté des chevaux. D’un seul coup, il jette le postillon à terre ; leur guide tombé, les chevaux s’arrêtent d’eux-mêmes ; mon ravisseur saute à bas de la chaise, et, les jurements, la menace à la bouche, l’épée nue à la main, il somme M. Burchell de se retirer ; il y va de sa vie !… M. Burchell fond sur lui, fait voler en éclats son épée, et le poursuit près d’un quart de mille ; le scélérat lui échappe !… Moi-même, pendant ce temps, j’étais descendue de la chaise pour secourir mon libérateur ; il reparut bientôt d’un air de triomphe. Le postillon, revenu à lui, voulait fuir aussi ; mais M. Burchell lui ordonna, sous peine de la vie, de remonter à cheval et de nous reconduire à la ville. Impossible de résister ; après quelques difficultés, le pauvre diable obéit, quoique sa blessure me parût grave. Il en souffrait tout le long de la route ; et, à la fin, touché de ses plaintes, M. Burchell, sur mes instances, consentit à en prendre un autre dans une auberge où nous nous arrêtâmes quelques minutes en revenant.
— Soyez les bienvenus, chère enfant, et vous son brave libérateur ; les bienvenus mille fois !… On fait ici bien pauvre chère ; mais c’est de grand cœur qu’on vous l’offre. Et puis, monsieur Burchell, à présent que vous avez sauvé Sophie, si elle vous paraît une récompense convenable, elle est à vous. Si une alliance avec une famille aussi pauvre que la nôtre ne vous répugne pas, prenez-la ; vous avez son cœur, je le sais ; obtenez son consentement, le mien vous est acquis. Permet-