Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/238

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Oh ! oui, mon frère était l’honneur même ; mais vous… je le répète, votre conduite en cette circonstance a été parfaitement sage, et je l’approuve de tout mon cœur.

— Et le reste de ma conduite ne vous paraîtra pas, j’espère, plus blâmable. J’ai paru, avec la fille de monsieur, dans quelques lieux publics ; ce n’était que de la légèreté… la médisance n’a pas manqué de trouver un mot plus dur, et l’on a prétendu que j’avais débauché la jeune personne. Je suis allé moi-même chez le père ; je voulais lui donner tous les éclaircissements désirables ; je n’en ai reçu que des reproches et des insultes. Quant au reste, à sa réclusion, par exemple, dans cette maison, mon procureur et mon intendant vous en rendront meilleur compte que moi ; car je leur abandonne entièrement la conduite des affaires. Si monsieur a fait des dettes, s’il ne veut ou ne peut pas les payer, c’est leur affaire de poursuivre, comme ils l’ont fait, et je ne vois ni dureté ni injustice à se mettre en règle par les moyens qu’autorise la loi !

— Si les choses sont ce que vous les faites, je ne vois rien d’impardonnable dans vos torts. Il y aurait eu, de votre part, plus de générosité à ne pas laisser opprimer monsieur par des tyrans subalternes, mais vous avez été du moins dans votre droit.

— Monsieur ne peut pas me démentir sur un seul point ; je l’en défie, et plusieurs de mes gens peuvent attester ce que je dis. » Puis, comme je me taisais ; car, au fait, je ne pouvais le démentir : « Voilà, mon cher oncle, continua-t-il, mon innocence bien démontrée ! Sur votre prière, je consens à pardonner à monsieur tous ses torts envers moi ; mais je ne puis maîtriser l’indignation qu’excitent en moi ses efforts pour me faire perdre votre estime, et cela, quand son fils cherchait à m’ôter la vie ; c’est, je le déclare, chose si affreuse, que je suis décidé à laisser la loi suivre son cours. J’ai sur moi le cartel que l’on m’a adressé ; deux témoins l’attesteront. Un de mes gens a été dange-