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CHAPITRE VI.

Le bonheur du coin du feu à la campagne.

Notre explication avait été un peu chaude : pour tout arranger, on convint, à l’unanimité, qu’une partie de la venaison ferait les frais du souper, et mes filles se mirent gaiement à l’œuvre.

« Je suis désolé, fis-je, que pas un voisin ou un étranger ne soit là pour prendre sa part d’un si friand morceau. L’hospitalité double le charme de pareille fête ! — Dieu soit béni ! s’écria ma femme, voici notre bon ami M. Burchell, qui a sauvé Sophie, et vous a si joliment battu sur tous les points ! — Battu, mon enfant : vous faites erreur, ma chère ; peu de gens me paraissent capables de me battre. Je ne conteste jamais votre talent pour le pâté d’oie : laisse-moi, de grâce, la discussion ! » Comme j’achevais, le pauvre M. Burchell entra : c’était le bienvenu ! Toute la famille lui serra cordialement la main, tandis que le petit Dick lui approchait officieusement un siège.

L’amitié de ce pauvre homme m’était chère pour deux raisons : je savais qu’il avait besoin de la mienne ; je le savais dévoué autant qu’il pouvait l’être. Il était connu dans le voisinage sous le nom du pauvre