Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/92

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tant mieux qu’il écrit pour son amusement. Mais Votre Seigneurie veut-elle me permettre d’y jeter un coup d’œil ? — Bast !

« — Ma chère enfant, croyez-vous donc que je colporte avec moi ces choses-là ? Elles sont charmantes pourtant, et je me flatte d’en être juge ; au moins je sais ce qui me plaît. Oh ! j’ai toujours adoré les bluettes du docteur Burdock ! car, sauf ses vers et ceux de notre chère comtesse de Hanover Square, il ne paraît rien que du dernier bourgeois ; rien qui rappelle la bonne compagnie ! — Bast !

« — Votre Seigneurie excepte sans doute aussi ses propres confidences au Magasin des Dames. Vous conviendrez, je pense, qu’il n’y a rien là qui sente le bourgeois. Mais, je le sais, ce sont bonnes fortunes sur lesquelles nous ne devons plus compter. — Bast !

« — Comment, ma chère, vous savez que ma lectrice et demoiselle de compagnie m’a quittée pour épouser le capitaine Roach ; mes pauvres yeux ne me permettant pas d’écrire moi-même, j’en cherche une autre depuis quelque temps. Une personne convenable n’est pas chose facile à trouver ; et, au fait, trente livres sterling par an, c’est bien peu pour une fille honnête et bien élevée, en état de lire, d’écrire et de tenir compagnie. Quant aux perrettes de Londres, pas une qui soit tenable ! — Bast !

« — Oh ! je le sais par expérience ; car, des trois demoiselles de compagnie que j’ai eues depuis six mois, l’une a refusé de travailler au linge une heure par jour ; l’autre a trouvé vingt-cinq guinées par an un traitement trop faible ; et j’ai été obligée de renvoyer la troisième, parce que je soupçonnais une intrigue avec le chapelain. La vertu, ma chère lady Blarney, la vertu n’a pas de prix ; mais où la rencontrer ? — Bast ! »

Ma femme, tout oreilles à ce discours, fut surtout frappée de ce dernier trait. Trente livres sterling et vingt-cinq guinées par an faisaient cinquante-six livres sterling cinq schellings, argent d’Angle-