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Page:Gomont - Anecdotes historiques et morales, 1851.pdf/28

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nat, devait avant tout flatter le peuple, ce qui se faisait de deux façons ; d’abord, en accusant et en injuriant la haute classe, ensuite en faisant à la classe populaire le plus séduisant portrait d’elle-même, en la représentant comme ayant droit à tout par ses mérites, et comme déshéritée de tout grâce à ses oppresseurs. Mais il ne suffisait pas de satisfaire la vanité de ses électeurs, il fallait leur faire espérer le triomphe de leurs intérêts ; pour cela on n’avait rien de plus efficace que la promesse des lois agraires et frumentaires, et de l’abolition des dettes.

Pour expliquer ce que c’était que les lois agraires, il faut nous écarter un peu du sujet.

Les biens possédés par les grands propriétaires romains, ou faisaient partie de leur patrimoine, ou appartenaient à ce qu’on appelait le domaine de la République, c’est-à-dire, à la masse des terres conquises sur les autres peuples d’Italie. Cette dernière espèce de biens avait été primitivement considérée comme inaliénable, et, en conséquence, comme pouvant toujours être reprise par l’état lorsqu’il le jugerait à propos. Or, un tribun, nommé Tiberius Gracchus, homme hon-