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Page:Gomont - Anecdotes historiques et morales, 1851.pdf/32

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autre tribun. C’était un moyen qui lui réussissait presque toujours.

En résumé, le peuple romain, c’est-à-dire, cette partie de la classe plébéienne qui, par ses habitudes oisives, son ignorance, sa pauvreté, menait une existence aussi précaire que misérable, lutta pendant des siècles contre sa rivale, sans pouvoir sortir de sa misère et de son abjection. Elle inquiétait la classe adverse, et troublait le repos de l’État ; ses tribuns satisfaisaient leur ambition et leur haine contre l’aristocratie, faisaient des discours, agitaient la foule ; mais elle n’était pas plus heureuse qu’au temps où les plébéiens se voyaient exclus des honneurs, des magistratures, et de tout pouvoir public.

Que conclurons-nous de là ? Que pour qu’un pays soit heureux et paisible, des droits égaux, accordés à toutes les classes, ne sont pas suffisants. Il faut qu’il y ait, en outre, une forte moralité ; autrement le pauvre arrive bien vite à ne pas se contenter de l’égalité de droits. Au bout de peu de temps, il ne lui suffit plus que la route lui soit ouverte pour arriver au bien-être ; il veut pouvoir ravir ce bien-être au lieu de le gagner ; il se refuse à