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Page:Gomot - Histoire de l’abbaye royale de Mozat, 1872.djvu/20

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L’ABBAYE DE MOZAT.

par les anathèmes de l’Eglise ou troublés par le cri de leur conscience, donnaient sur leurs vieux jours des prés, des champs, des domaines, souvent leur fortune entière, pour restaurer les basiliques ruinées ; et alors les couvents, les chapitres, n’hésitaient pas à les qualifier, dans des actes publics, de généreux fondateurs. Ces sortes de chartes ont été la source de plus d’une erreur historique.

Les chroniqueurs de la province ne sont point d’accord sur les origines de l’abbaye de Mozat. Cependant, suivant la version la plus acceptée, elle aurait été fondée par Calminius et par Namadia, son épouse.

Calminius était duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne. Sa famille, d’origine romaine, était venue s’établir dans « la ville maistresse d’Auvergne » avec l’illustre patricien auquel Sidoine-Apollinaire adresse une de ses plus affectueuses épîtres ; après avoir longtemps guerroyé, Calminius, entraîné par les vertus de Namadia, renonça à ses dignités, résolut de vivre dans les austérités de la religion, et pour mettre à exécution son pieux dessein, fit vœu de construire trois abbayes.

Il se rendit d’abord dans les âpres montagnes du Velay, dans un de ces sites escarpés qui, au dire de Cassiodore, ont pour l’anachorète de secrètes délices, et, au lieu nommé Le Villars, il fit élever un oratoire qu’il dédia aux saints apôtres. Quelques cénobites vinrent se joindre à lui et formèrent sous sa direction un monastère auquel on donna le nom de Calminiacum ou Carmery.