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Page:Gomot - Histoire de l’abbaye royale de Mozat, 1872.djvu/26

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L’ABBAYE DE MOZAT.

dans le pays pour soumettre les rebelles. Le prince, irrité par ces continuelles révoltes, laissa de terribles traces de son passage. Il ravagea la Limagne, s’empara de Clermont, ne laissa à sa place que des cendres, et s’éloigna en emportant un immense butin d’or, de troupeaux et d’esclaves. Les abbayes et les monastères qui pouvaient servir de refuges furent tour à tour pris et ravagés par les deux partis : les religieux vécurent pendant dix années au milieu des ruines.

Ces guerres arrêtèrent l’essor de l’institut monastique en Auvergne, et, comme après les incursions barbares dont Sidoine-Apollinaire nous a transmis le terrible souvenir, on pouvait voir « les bœufs occupés à ruminer dans les vestibules entr’ouverts et à paître l’herbe sur les autels renversés. »

Pépin, après avoir imposé son autorité par la violence, voulut l’affermir en s’attachant ces populations foncièrement religieuses ; il résolut donc de réparer les désastres dont il était l’auteur. Dans les premiers jours du mois de février 764, il assembla dans le bourg de Volvic un grand nombre de comtes, d’évêques, d’abbés, de prieurs, et protesta hautement de son dévouement aux intérêts de la religion. Il parla lui-même contre les hérétiques ariens fort nombreux en Auvergne, prononça le bannissement de ceux qui resteraient incorrigibles, et distribua aux églises des sommes considérables. Mozat eut une grande part dans ces libéralités, et le roi ordonna qu’il serait rebâti avec les ruines de la capitale de l’Auvergne[1].

  1. Voir l’Appendice, note 2.