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Page:Gomot - Histoire de l’abbaye royale de Mozat, 1872.djvu/52

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L’ABBAYE DE MOZAT.

il reparaissait plus audacieux que par le passé, entouré des soudards que l’audace de ses déprédations appelait toujours auprès de lui ; il reprenait par la force ce que la force lui avait enlevé, exerçait de terribles représailles, lançait des défis au roi et traitait l’Auvergne en pays conquis.

Notre sujet ne nous permet pas d’entrer dans le détail de ces luttes sanguinaires ; nous devons en prendre seulement ce qui se rattache directement à l’abbaye.

En 1209, la guerre un instant apaisée se réveilla tout à coup entre les deux frères. Le comte Guy envahit les terres ecclésiastiques et fit emprisonner l’évêque pour la troisième fois. Il envoya partout des bandes de pillards pour dévaster les églises, se rendit lui-même à Mozat et entra dans l’abbaye de vive force. Son frère avait toujours montré pour les moines de Mozat une affection particulière et leur avait fait des présents considérables. Cette circonstance, jointe à la résistance qu’on lui avait faite, excita sa colère ; il détruisit l’enceinte fortifiée, enleva le trésor de l’église et traita les religieux avec la dernière rigueur. Non content de cela, pour ôter à l’abbaye son prestige, il s’empara des reliques de saint Austremoine et les fit porter dans une de ses forteresses. Les traces de sa violence furent terribles, et le chroniqueur presque contemporain rendant compte de cet événement s’exprime ainsi : « Guido, Comes Arvernorum, funditùs evertit Monasterium de Mauzac.[1] »

  1. Note Wikisource : « Guy, comte d’Auvergne, détruisit de fond en comble le monastère de Mozat. »