Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/102

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Dans ce café, un type : le fleurisseur de la boutonnière des gens, le marchand de camélias. Un glabre, à la figure chafouine, avec deux maigre bouquets de poils de barbe, en forme de papillottes, près des oreilles, le cou enveloppé d’un cache-nez sans couleur, le corps dans le veston râpé d’un jockey anglais : un être gris et mystérieux, vous faisant l’effet de l’eunuque d’un sérail de fleurs, quand il vient à vous, un bouquet de camélias blancs dans une main, et sous un bras, un grand panier évasé, d’où se penchent en dehors toutes les voluptueuses nuances de chair des camélias carnés, des camélias, comme éclaboussés de gouttelettes de sang de Vénus.



UFFIZI

André Riccio. — Dans sa peinture, le sentiment du dessin byzantin et les procédés des mosaïques. Des yeux, comme encastrés dans l’armature de plomb des vitraux, le contour du nez semblable à la linéature tournante et répétée du rivage d’une carte géographique, une bouche qu’on dirait rougie de brique pilée, des chairs aux tons sales d’une barbe de trois jours non faite, des doigts pareils à des manches d’eustaches


Andrea Orcagna. — Chez ce vieux maître, le passage