Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/128

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lui, déchiffre la page ouverte, l’autre pour déchiffrer, tend et avance un peu sa tête de profil. Chez tous deux, les mêmes plis plaqués sur la poitrine, les mêmes retroussements de robes à la ceinture, le même ondoiement d’étoffe à l’antique, mourant comme une vague, sur le genou qui avance. Entre les deux têtes, au-dessus de la ligne croisée des deux bras, une troisième tête, la tête d’un troisième éphèbe dans l’enfoncement et l’effacement d’un second plan. À droite, la tête interrogeant le ciel d’un quatrième éphèbe, accoudé. Et des quatre bouches grandes ouvertes, il semble qu’en les regardant, on entend sortir la voix, les paroles, la prière d’un sonore plain-chant.

Je ne connais pas dans la sculpture un groupement qu’on puisse comparer au groupement des deux chanteurs, un concert de lignes jumelles aussi habilement contre-balancées, une composition d’une eurythmie si parfaite.

Puis voyez encore dans la chapelle, à laquelle on a donné le nom du sculpteur, voyez au-dessus du tombeau d’un cardinal, ce médaillon de la Vierge et de Jésus, dont le marbre blanc, lisse, poli, éclairé des luisants de la mère de Michel-Ange, se détache sur un fond bleu, voyez au plafond ces quatre anges à mi-corps, ornementation originale d’une voûte, qu’on voudrait voir encastrée sur un fond autre, que cet échiquier aux cases jaunes et noires.