Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/139

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saillie. Ce sont les femmes, dans leurs robes à taille courte, dans leurs jupes de brocard à larges plis, toutes raides d’or, les manches plates et serrées avançant sur les mains, qu’elles recouvrent presque. Ainsi chez ce maître, l’action de l’humanité est associée, mise à la cantonade de l’histoire du Dieu-homme, autrefois n’ayant pour témoins que deux ou trois personnages hiératiques ; et les tableaux d’une anecdote de la foi sont devenus des tableaux historiques, où les détails de la vie privée du temps font irruption dans la légende céleste : tableaux peints sous une telle domination de la réalité humaine, que les anges descendus du ciel, marchent sur la terre, presque avec des entrechats, et où la vierge parade, comme une gentille dame, dans une cérémonie, où elle se sent le régal des yeux. Oui, chez Ghirlandajo, le naturisme d’une aristocratique humanité, choisie, triée, est montré dans le bel ensemble de plis tranquilles, qui semblent les plis retrouvés de la toge, et qu’embellit et illustre encore la résurrection, autour d’elle, des beautés de l’art antique, des morceaux d’arcs de triomphe, des statues,