Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/14

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de Lucrèce Borgia, conservée à l’Ambroisienne ; aussi bien la description des bals du grand-duc de Florence, que de « l’Apothéose de Thomas d’Aquin » dans le tableau de Taddeo Gaddi ; aussi bien la description de l’hôpital des Vénériennes della Scuola San Marco, à Venise, que du Jour des Rameaux à Saint-Pierre ; aussi bien la description du stenterello du théâtre Borgognissanti, que de la poupée romaine du Musée du Vatican.

Et ces descriptions, pour mieux les faire parler plus tard à notre mémoire, mon frère, avec son incontestable talent de peintre, les doublait de rapides croquis à la mine de plomb, et même, quelquefois, en faisait revivre la couleur, dans de lumineuses aquarelles, entremêlées avec l’écriture sur le mauvais papier du carnet.

Toutes ces descriptions de la plume et du crayon étaient fidèles, exactes, rigoureusement prises sur le vif des êtres ou le calque des choses. Toutefois, en ces années, inquiètes, hésitantes, sur la voie que le lettré doit prendre, la religion de la réalité, de la vérité absolue, appliquée à l’humanité ou à la matière, dans la reproduction littéraire,