Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/200

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diant, en se levant. — Eh bien, vous voyez, mon ami, vous allez empêcher ma leçon... Vous devriez bien vous retirer ? — Mais le cours est public, j’ai le droit d’y assister. — En effet, comme vous le dites, le cours est public ! — Pas de juif, à la porte le juif ! reprenaient en chœur les étudiants, — Mais voyez, comme c’est désagréable ! soupirait le vieux docteur, en s’adressant à l’étudiant prétendu juif.

— Ah ! il ne s’en va pas... il ne s’en va pas... Eh bien, c’est nous qui nous retirons, hurlaient les étudiants.

— Je reste, moi !

— Point de juif, jamais de juif ! — et tous les étudiants décampaient.

Le bon prêtre, resté avec le faux juif, fermait ses cahiers, en lui disant sur un ton de reproche plaintif : Vous voyez, mon ami, ils se sont en allés ! Une population bien misérable, la population de Pise, dont la mendicité, par troupes de dix à douze mendiants, chasse les malades de la poitrine, de ce climat chaudement humide, et dont la partie qui ne mendie pas, vit de braconnage dans les forêts de sapins de la Cascina du S. Rossore, la ferme immense du grand duc, la ferme qui étonne par ce troupeau de deux cents chameaux, aux ancêtres importés du temps des Croisades.