Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/213

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atténuations savantes d’un pinceau plus exercé, plus avancé dans l’art, ce torse mènera aux demi-teintes glauques ou bleutées, et au coloris pastellé ton de pêche, de Simon Memmi.

La rue à Sienne. — Vieilles femmes porteuses d’une quenouille, et qui filent en marchant, les deux mains au-dessus d’un gueux, dont l’anse entoure un de leurs bras. — Etaux de bouchers, ayant sur leur seuil, pareilles à des tapis déroulés, des peaux de bœufs encore saignantes, d’où jaillissent de grandes cornes, et tout autour de leur devanture, de petits agneaux, le ventre rose béant, sous leur toison blanche. — Un écriteau suspendu au milieu de la rue, ainsi qu’un réverbère, sur lequel il y a imprimé :

LA TRAVIATA
ossia
VIOLETTA
in tre atti
del signor cav. Giusep. Verdi
a ore otto e 1/2

Des processions de petits moinillons, à la démarche grave, à la mine espiègle, sous de grands tricornes, sous de longs manteaux, que dépasse la bande d’une soutane violette, et des souliers carrés à boucles. — Des portes de maisons garnies de clous, comme les semelles des souliers de la rue Guérin-Boisseau, et au-