Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/38

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lappent des détritus de mous ; et des étalages de pic-verts : un manger dont on est friand ici, oiseaux jaunes aux têtes rouges.

À côté, se vendent des petits bouquets, montés sur de grandes tiges, et des choses de toutes sortes et de toutes couleurs, parmi lesquelles cherchent leur chemin, des ânons chargés de fagots, perdus dans la broussaille de leur charge.

Là, toute la matinée, se promènent et errent, côte à côte avec de vieux Italiens, au nez rubicond, faisant leur marché dans un cabas, caché sous le manteau, les petites bourgeoises de Vérone, à la démarche alanguie, la tête voilée d’une dentelle blanche, le front bombé, les yeux rapprochés du nez, la bouche aux lignes tourmentées : — de délicates femmes, toutes charmantes de la grâce souffreteuse des Botticelli et des Gozzoli, et qui semblent, en ce nord de l’Italie, des modèles, conservés vivants, des tableaux primitifs.