Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion de 1590 : livre qui, avec ses bois frustes, ses images artistiquement barbares, vous repeuple la place Saint-Marc, la Piazzetta. les Procuraties, le pont du Rialto, les canaux, les campi, du monde contemporain des vieilles pierres de la ville, et vous fait revoir les hommes et les femmes de l'antique Venise, dans le luxe, la pompe, le faste, la bombagia de leurs costumes.

Deux autres têtes
Deux autres têtes

Voici le doge des premiers siècles, dans son costume d’empereur byzantin, avec sur la tête son corno, son bonnet pourpre, entouré d’un cercle d’or, serti de pierres précieuses. Et voici le doge de siècles plus récents, avec la modification du corno en couronne, et la palatine d’hermine sur les épaules ; — voici la dogaresse, dans sa dogaline de brocart d’or fin, son collier de perles du plus bel orient au cou, sa ceinture formée par une chaîne d’or tombant à ses pieds ; — voici le général vénitien, en temps de guerre, tout habillé de