Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/71

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l’âge de trente ans ». On le voit, sous les longs cheveux, qu’il laissait pousser, autant qu’ils pouvaient croitre, et qu’il mettait ses soins à rendre beaux et brillants, non avec des coquetteries de femme, mais avec la schietezza d’un ordre religieux élégant. Un cercle de velours, indiquant la virginité de celui qui le portait, entoure la tête. La veste courte, à petits pans, appelée gavardina, est ouverte sur la poitrine, et laisse apercevoir le tuyauté du haut de la chemise : les jambes sont enfermées dans un maillot, aux deux bandes de couleurs différentes, et de la ceinture part un petit tablier, cachant les parties naturelles, comme d’un pagne.

Il y a, comme contraste, le costume du jeune homme per far l'amore (pour faire la cour aux dames). Il a les cheveux frisés sur le front et le reste de la chevelure tombant sur les épaules, un vêtement de brocart de soie, agrémenté de dentelles, et auquel pend par derrière un long capuce, qui lui évite de prendre un chapeau, en temps de pluie.

Mais parmi tous ces costumes de la jeunesse, le costume qui joint à la suprême élégance une richesse presque tapageuse : c’est celui du compagnon della calza (des chausses). Voyez-le, de dos, dans sa pose penchée, ayant sur la tête le berrettino noir ou rouge, le toquet tailladé qu’il porte sur l’oreille, avec dessous les cheveux attachés par des cordelettes de soie. Son pourpoint a des manches lacées avec des aiguillettes aux