Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/79

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MANTOUE.

Par la rue, un garçonnet joufflu et rose, coiffé sur ses blonds cheveux d’un tricorne ecclésiastique, gambadant, sautillant, un de ses pieds chaussé du soulier à boucle des gens d’Église, toujours en l’air, et qui semble chercher le derrière d’un camarade. Son corps d’enfant, rejeté en arrière, est drapé dans le petit manteau noir, que sa main ramène sur l’épaule droite et laisse pendiller coquettement sur son dos. Une gentille gaminerie dans ce rond visage, sur lequel pointe un petit nez relevé, et sourit une bouche moqueuse. Il rappelle, avec quelque chose de plus svelte, de plus dansant, de plus aimablement polisson, ces amours en porcelaine de Saxe, auxquels le dix-huitième siècle fait faire des niches aux bergères assises dans les candélabres, qui servaient aux toilettes des duchesses — ces Cupidons cléricaux, tout roses, et qui n’ont de noir que le tricorne et le petit manteau.

Le palais du T, une omelette d’hommes et de femmes,