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BOLOGNE

Sur la route de Parme à Bologne, dans une petite ville, Arezzo je crois, nous entrons dans un café, où sont des hommes dépenaillés, sous de grands manteaux de cette affreuse serge verdâtre, dont Raphaël habille ses apôtres, où de vieilles femmes, aux sévères et vulturins profils, donnés, par Michel-Ange à ses Sibylles, prennent du café dans des verres, près d’une cheminée, sur laquelle une pancarte contient les noms des signori qui contribuent au feu, — et où des o marquent le nombre de fois qu’ils sont venus se chauffer.

Bologne, la vieille ville, la ville âpre et remueuse du moyen âge, la berceuse des factions, la ville à l’esprit osé, révolutionnaire, précurseur des idées nouvelles, — et toujours vendue et revendue par des Judas, — la cité qui a pour devise : Libertas.