Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/221

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sante, enivrante comme toutes les bohèmes : c’est ainsi qu’elle tombait à un Gautruche.


L.


Comme Germinie rentrait un matin au petit jour, elle entendit, dans l’ombre de la porte cochère refermée sur elle, une voix lui crier : Qui va là ? Elle se jeta dans l’escalier de service ; mais elle se sentit poursuivie et bientôt saisie à un tournant de palier par la main du portier. Aussitôt qu’il l’eut reconnue : Ah ! dit-il, excusez, c’est vous ; ne vous gênez pas !… En voilà une noceuse !… Ça vous étonne, hein ? de me voir sur pied si matin ?… C’est pour le vol qu’on a fait ces jours-ci dans la chambre de la cuisinière du second… Allons, bonne nuit ! vous avez de la chance par exemple que je ne sois pas bavard.

Quelques jours après, Germinie apprit par Adèle que le mari de la cuisinière volée disait qu’il n’y avait pas à chercher bien loin ; que la voleuse était dans la maison, qu’on savait ce qu’on savait. Adèle ajouta que cela remuait beaucoup dans la rue, et qu’il y avait des gens pour le répéter, pour le croire. Germinie indignée alla tout conter à sa maîtresse. Mademoiselle, indignée plus qu’elle, et personnellement touchée de son injure, écrivit sur