Page:Goncourt - Germinie Lacerteux, 1889.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sière, dans le service d’un médecin qui est mon ami… Je la recommanderais à un interne qui me doit beaucoup… Elle aurait une très-bonne sœur dans la salle où je la ferais mettre… Au besoin, elle aurait une chambre… Mais je suis sûr qu’elle préférera être dans une salle commune… C’est un parti nécessaire à prendre, voyez-vous, mademoiselle. Elle ne peut pas rester dans cette chambre là-haut… Vous savez ce que sont ces horribles chambres de domestique… Je trouve même que les commissions de salubrité devraient bien, là-dessus, forcer les propriétaires à l’humanité : c’est indigne !… Le froid va venir… il n’y a pas de cheminée ; avec la tabatière et le toit, ce sera une glacière… Vous la voyez encore aller… Oh ! elle a un courage étonnant, une vitalité nerveuse prodigieuse… Mais, malgré tout, le lit va la prendre dans quelques jours… elle ne se relèvera plus… Voyons, de la raison, mademoiselle… Laissez-moi lui parler, voulez-vous ?

— Non, pas encore… Cette idée-là… j’ai besoin de m’y faire… Et puis de la voir autour de moi, je crois qu’elle ne va pas mourir comme ça si vite… Nous aurons toujours le temps… Plus tard, nous verrons… oui, plus tard…

— Pardon, mademoiselle, mais permettez-moi de vous dire qu’à la soigner, vous êtes capable de vous rendre malade…

— Moi ?… Oh ! moi !… Et Mlle  de Varandeuil fit le geste d’une personne dont la vie est toute donnée.