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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/140

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charmant des impressions premières et des sensations naïves, une confidence journalière, où le cœur de l’une parlait en riant au cœur de l’autre, des plaisanteries, des jeux où les deux amies n’étaient plus que deux femmes, et se lutinant, et se battant, se décoiffant presque, avec mille grâces animées, se disputaient entre elles à qui serait la plus forte[1].

Cependant la fortune du jeune ménage n’était guère suffisante au train de la cour. L’héritier de ce vieux nom, illustré par les vertus et les talents du cardinal de Polignac, n’avait, pour le soutenir, que 8,000 livres de rentes à peine. Le comte d’Andlau étant mort avant d’avoir reçu le bâton de maréchal promis à ses services, la comtesse d’Andlau, privée de la pension de veuve de maréchal, avait péniblement élevé sa nièce, Gabrielle-Yolande-Martine de Polastron, mariée presque sans dot au comte de Polignac[2]. Chargés de deux enfants, le comte et la comtesse de Polignac vivaient petitement, presque misérablement ; et fort loin alors de leur faveur et d’un appartement à Versailles au haut du grand escalier, logeaient dans un assez pauvre hôtel de la rue des Bons-Enfants[3]. Madame de Polignac avoua simplement sa position à la Reine. Ce fut un intérêt ajouté aux sympathies de la Reine. Bientôt elle obtenait du Roi la survivance de la

  1. Fragments inédits des Mémoires du prince de Lignes. La revue nouvelle, 1846.
  2. Mémoires historiques du règne de Louis XVI, par Soulavie, 1801, vol. VI.
  3. Mémoires du comte de Tilly, vol. I.