Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/151

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point de mal à laisser prendre à la Reine, dans l’opinion publique, un caractère de légèreté[1]. » Necker, Turgot, conspiraient avec lui contre l’influence de la Reine. Leurs plans économiques, leur foi au salut de l’État et au rétablissement des finances par de misérables retranchements dans la maison du Roi, rencontraient dans Marie-Antoinette la seule opposition redoutable de la cour, une opposition spirituelle et frondeuse, qui raillait leurs illusions, et se vengeait de grâces refusées en riant de leurs personnes, baptisant M. Turgot le ministre négatif, et M. Necker le petit commis marchand[2]. Avouons-le, la Reine ne fut jamais vivement touchée par ce grand système qui espérait ramener l’âge d’or par la suppression des Menus plaisirs, par la suppression de quelques emplois du Grand Commun, par la suppression des charges de trésorier de la Reine, par la suppression des officiers de bouche de la Reine[3]. Elle n’imaginait pas que la France serait beaucoup plus heureuse quand le Roi et la Reine n’auraient plus qu’un cuisinier ; elle ne jugeait pas que le nouveau règlement de brûler les bougies jusqu’aux petits bouts fût bien efficace contre la

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I.
  2. Maximes et Pensées de Louis XVI et d’Antoinette. Hambourg, 1802.
  3. Nous trouvons aux archives de l’Empire, Maison de la Reine, le total de la dépense, tant ordinaire qu’extraordinaire, de la maison de Marie-Antoinette : Pour 1780 3,163,016l 16s 11d. Pour 1781 3,205,677 4 7 Pour 1782 3,605,172 8 8