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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/159

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M. de Maurepas[1]. M. de Vergennes lui-même faisait taire, à ce moment, ses rancunes personnelles. Un commerce de bons rapports, au moins apparents, s’établissait entre la Reine et lui, à propos des dispositions amies de l’Autriche[2]. Et M. de Maurepas mourait.

Une grande douleur frappait Marie-Antoinette : l’Europe perdait Marie-Thérèse ; la Reine de France, sa sévère amie. Et lorsque la cour croyait ses larmes taries, Marie-Antoinette ne pouvait les retenir à la vue du Prince de Ligne arrivant d’Allemagne et paraissant tout à coup à son grand couvert : « Vous deviez épargner cette scène publique à ma délicatesse, » lui disait-elle en le grondant doucement[3].

Mais il est des consolations même pour les larmes d’une fille. La Reine était grosse une seconde fois. Sa grossesse avait été déclarée dès le mois d’avril 1781. Sept mois après, le 22 octobre, après une bonne nuit, la Reine sent, en s’éveillant, de petites douleurs qui ne l’empêchent pas de se baigner comme à son ordinaire. Elle sort du bain à dix heures et demie. Les douleurs sont encore médiocres. Entre midi et midi et demi, elles augmentent. Dans sa chambre, ou allant de sa chambre dans le salon de la Paix laissé vide, sont madame de Lamballe, M. le comte d’Artois, Mesdames Tantes, madame de

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. I.
  2. Correspondance secrète (par Métra), vol. I.
  3. Fragments inédits des Mémoires du prince de Ligne. La Revue nouvelle, 1846.