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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/174

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rochers, des buttes simulent des montagnes, et le gazon joue la prairie[1].

Sur la colline, au milieu d’un buisson de roses, de jasmins et de myrtes, s’élève un belvédère d’où la Reine embrasse tout son domaine. Ce pavillon octogone, qui a quatre portes et quatre fenêtres, répète huit fois en figures sur ses pans, en attributs au-dessus de ses portes, l’allégorie des quatre saisons, sculptée du plus fin et du plus habile ciseau du siècle. Huit sphinx à tête de femme s’accroupissent sur les marches. Au dedans, c’est un pavage de marbre blanc sur lequel se brouillent et se traversent les ellipses des marbres roses et bleus. Aux murs de stuc, et même sur les panneaux du bas des portes, des arabesques courent. Un pinceau léger, volant, enchanté, semble avoir éclaboussé de caprices et de lumière ces murs de porcelaine. Le peintre a repris le poëme des boiseries du palais ; il l’a animé de soleil et peuplé d’animaux : et ce sont encore carquois, flèches, guirlandes de roses blanches, bouquets dénoués et pluies de fleurs, chalumeaux et trompettes, et camées bleus, et cages ouvertes pendues à des rubans, traversés de petits singes et d’écureuils qui grattent un vase de cristal où jouent des poissons. Au milieu du pavillon, une table, d’où pendent trois anneaux, pose sur trois pieds de bronze doré ; c’est la table où la Reine déjeune : le belvédère est sa salle à manger du matin[2].

  1. Coup d’œil sur Bel-Œil. À Bel-Œil, de l’imprimerie du P. Charles de L. (le prince Charles de Ligne).
  2. Fragments sur Paris, par Meyer, traduits par le général Dumouriez. Hambourg, 1798, vol. II.