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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/186

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Roi[1]. Il avait en outre de la douceur, de la facilité, du petit esprit, et beaucoup de complaisance. Il faisait des vers, des couplets, des romances, jouait très bien la comédie, accompagnait au clavecin, folâtrait, badinait, mais à petit bruit, laissant le haut bout à M. de Vaudreuil et à M. de Besenval, courtisant tout le monde, n’offusquant personne, courant dans Trianon après la muse des Boufflers, qui se moquait de ses rhumatismes, cachant sous la modestie et l’humilité une ambition immense, roulant des projets d’ambassade en arrangeant un rondeau sur un mot donné[2], ne boudant rien, très heureux, très reconnaissant, et très commode : les femmes lui parlaient quand elles n’avaient rien à dire, les hommes quand ils n’avaient rien à faire.

Les femmes de Trianon étaient la jeune belle-sœur de la Reine, sa compagne habituelle, Madame Élisabeth[3], puis la comtesse de Châlons, d’Andlau par son père, Polastron par sa mère, dont M. de Vaudreuil et M. de Coigny se disputaient les sourires[4], puis cette aimable statue de la Mélancolie, cette pâle et languissante personne, la tête penchée sur une épaule, la comtesse de Polastron. Cette femme de vingt ans qui semble le plus joli garçon du monde, cette femme bonne et simple malgré tout

  1. Mémoires d’un voyageur qui se repose, par Dutens. Paris, 1806, vol. II.
  2. Correspondance de Grimm, vol. XIV.
  3. Mémoires de Besenval, vol. II.
  4. Mémoires de la République des lettres, vol. XXII.